1 Septembre 2020
Au sein de la forêt guyanaise, le sol est couvert d’un tapis de feuilles mortes. Cependant, il est possible d’observer, çà et là, une Gentiane, bleue violette, comme on peut en voir dans nos prairies alpines. Il est vrai que la rencontre de cette plante à fleur parfumée dans un sous-bois de forêt équatoriale où la lumière ne pénètre que de manière infime est très étonnante et pose question.
Poussant dans l’ombre, cette plante ne possède pas de chlorophylle. C’est pourquoi elle ne peut pas faire la photosynthèse. De plus, cette Angiosperme comporte un appareil caulinaire n’ayant pas de feuilles (fig. 1). Ainsi, il lui faut donc trouver de l’énergie autrement. Par ses racines, cette Gentiane vit en symbiose avec un champignon du sol, lui-même vivant en symbiose avec les racines d’un arbre. Le champignon exploite la sève sucrée de l’arbre et en transfère une partie à la Gentiane. Cette dernière utilise donc l’énergie captée par un arbre. Mais n’est-ce pas un juste retour des choses ? La Gentiane est plongée dans l’ombre par les grands arbres la surplombant et qui constituent la canopée. De ce fait, pour survivre à cette absence de lumière, cette espèce doit s’adapter en puisant son énergie des racines de ces arbres.
En outre, on retrouve aussi des Gentianes sans chlorophylle dans des forêts équatoriales africaines. Celles-ci ont le même mode vie que Voyria caerulea.
Néanmoins, la Gentiane des champs (fig. 2), vivant en pleine lumière ne rencontre pas ce problème d’ombre. Elle a des feuilles bien vertes comme toutes les autres Angiospermes.
C’est au sein de cette diversification des modes de vie avec ces adaptations aux contraintes comme l’ombre, le manque d’eau ou l’absence de sol, que réside en grande partie l’intérêt des forêts équatoriales. Par conséquent, nul doute qu’il y ait ici des études à mener pour encore de nombreuses générations de botanistes.
Bibliographie
Ferreira A.-W.-C. et al.. First record of Voyria caerulea Aubl. (Gentianaceae), a mycoheterotrophic plant, in Maranhão state, northeastern Brazil. Check List, 2018. n° 14, pp. 833–837.