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L'Abeille domestique et ses dispositifs appropriés à la récolte du pollen et du nectar

Avec l’arrivée des beaux jours, les premières fleurs offrent à l’Abeille domestique (Apis mellifera) leur nectar ainsi que leur pollen servant de nourriture à l’ensemble de la colonie, et en particulier aux larves. Cette source précieuse de nourriture est récoltée par les abeilles dites butineuses. Ces dernières sont des ouvrières âgées de plus de 20 jours et spécialisées dans cette fonction.

Figure 1. Abeille domestique butinant une Centaurée jacée (crédit photo : E. Force).

Figure 1. Abeille domestique butinant une Centaurée jacée (crédit photo : E. Force).

Les fleurs profitent des visites quotidiennes de l’Hyménoptère pour transmettre les gamétophytes mâles non utilisés par l’Abeille afin d’assurer une reproduction croisée avec d’autres fleurs (fig. 1). En cela, il s’agit d’une véritable coopération entre l’Abeille et la fleur pollinisée. Celle-ci se caractérise comme une interaction transitoire, avantageuse pour les deux espèces. Des observations de terrain permettent de mettre en exergue que cette interaction n’est pas spécifique : les Abeilles peuvent polliniser de nombreuses espèces de plantes à fleurs. Aussi, selon l’espèce considérée, on peut observer que les fleurs ne sont pas toutes butinées aux mêmes heures de la journée. Certains le sont en matinée comme le Colza, le Coquelicot, le Pissenlit…, d’autres le sont durant toute la journée (notamment les arbres fruitiers), alors que certaines, plus rarement, le sont en fin de journée : la Jacinthe des bois, l’Ail des ours, etc.

Figure 2. Abeille domestique avec corbeille à pollen butinant un Hélianthème (crédit photo : E. Force).

Figure 2. Abeille domestique avec corbeille à pollen butinant un Hélianthème (crédit photo : E. Force).

Figure 3. Anatomie externe de la patte métathoracique d’Abeille domestique (crédit photo : E. Force, collection personnelle).

Figure 3. Anatomie externe de la patte métathoracique d’Abeille domestique (crédit photo : E. Force, collection personnelle).

Les activités de récolte chez les Abeilles domestiques sont permises par des adaptations corporelles à la fois au niveau des pattes et de l’appareil buccal. En venant prendre du nectar, l’insecte emporte par la même occasion du pollen sur son corps poilu. Elle agglutine ensuite le pollen en pelotes par un mouvement coordonné de ses pattes. Il est fréquent de voir sur les Abeilles butineuses une corbeille à pollen, lieu de stockage des pelotes de pollen, sur la face externe des tibias de la troisième paire de pattes (fig. 2). Pour se faire, l’échancrure des pattes prothoraciques permet le nettoyage des antennes sur lesquelles le pollen a pu se déposer. La première paire de pattes rassemble ensuite le pollen en paquets qui sont alors transmis aux pattes mésothoraciques puis aux pattes métathoraciques. De plus, sur la face interne des tarses de ces dernières est remarquée une brosse formée de 10 rangées de poils raides permettant tout d’abord de récupérer les paquets de pollen venant des pattes mésothoraciques, puis de récupérer le pollen sur le reste du corps (fig. 3). Enfin, les grains de pollen sont placés dans les corbeilles par les pattes métathoraciques et tassés par les pattes mésothoraciques. Par conséquent, les pelotes formées sont retenues au sein des corbeilles par une rangée de soies rigides et recourbées appelées râteau qui bordent chaque corbeille.

Figure 4. Abeille domestique butinant un Photinia (crédit photo : E. Force).

Figure 4. Abeille domestique butinant un Photinia (crédit photo : E. Force).

Figure 5. Organisation de l’appareil buccal de l’Abeille domestique (crédit photo : E. Force, collection personnelle).

Figure 5. Organisation de l’appareil buccal de l’Abeille domestique (crédit photo : E. Force, collection personnelle).

Concernant le nectar, celui-ci est récolté grâce un appareil buccal spécialisé de type lécheur-suceur (fig. 5). En effet, lors de la visite d’une fleur, l'Hyménoptère introduit sa langue, aussi appelée glosse ou proboscis, au fond de la corolle ou éventuellement au fond d’un éperon nectarifère s’il n’est pas trop long (inférieur à 6 mm) (fig. 4).

Figure 6. Coupe transversale du proboscis d’Abeille domestique (illustration : E. Force).

Figure 6. Coupe transversale du proboscis d’Abeille domestique (illustration : E. Force).

Cette langue, recouverte de poil sur toute sa longueur et à bord replié en gouttière formant un canal alimentaire retient le liquide à la manière d’un pinceau au niveau des poils (fig. 6). De plus, elle aspire ce liquide par l’intermédiaire du canal alimentaire sous l’effet des mouvements de l’hypopharynx. Aussi, un autre canal alimentaire, issu du rapprochement des maxilles et des palpes labiaux autour de la glosse, permet une aspiration d’une grande quantité de liquide tels que l’eau ou le nectar (fig. 6).

 

Plus précisément, lorsque l’Abeille se pose sur une fleur et qu’elle s’approche des nectaires, elle déploie sa langue et place son labelle au contact du nectar, puis en récupère par l’intermédiaire de ses poils. Ce dernier passe et repasse de façon à lécher le nectar. Ce jus sucré se retrouve ensuite dans la gouttière du ressort. Toutefois, s’il est abondamment récolté, il peut se retrouver dans le canal de la langue qui peut déborder dans le conduit formé par les maxilles et les palpes labiaux. Ainsi, il est aspiré par la mise en action de groupes de muscles situés à la base de la glosse et passe dans l’œsophage. Par conséquent, l’Abeille domestique récolte le nectar à l’aide d’un appareil buccal de type lécheur-suceur très efficace à condition que la tête de cet insecte puisse se retrouver dans la corolle de la fleur butinée.

 

 

Bibliographie

 

Aizen A. & Harder L.. The Global Stock of Domesticated Honey Bees Is Growing Slower Than Agricultural Demand for Pollination. Current Biology, 2009. n° 19, pp. 915–918.

 

Gould J.-L. & Grant Gould C.. Les Abeilles : comportement, communication et capacités sensorielles. Belin & Pour La Science, 1993.

 

Pesson P. & Louveaux J.. Pollinisations et productions végétales. INRA, 1984.

 

Winston M.. The biology of the Honey bee. Harvard University Press, 1991.

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